Depuis
des siècles, les San (mieux connus sous le nom de
Bushmen) utilisent le Hoodia comme coupe-faim. Il leur permet,
une fois coupée en tranches, d’endurer de longs
périples dans le désert du Kalahari, région
semi-aride qui s’étale de l’Afrique du
Sud au Botswana, en passant par la Namibie. Les jeunes,
plus détachés des traditions, se servent aussi
du hoodia pour " garder la ligne ".
En
2001, les San apprennent par hasard que le CSIR, organisme
de recherche sud-africain, a déposé en 1996
un brevet sur l’ingrédient actif du précieux
cactus. Entre-temps, le CSIR a vendu les droits de commercialisation
à Phytopharm. Ce laboratoire pharmaceutique effectue
actuellement des tests cliniques en collaboration avec Pfizer
(concepteur du Viagra), pour mettre au point un médicament
contre l’obésité.
Pendant
que les laboratoires se frottent les mains face aux gains
à venir, les San, eux, se cantonnent dans la pauvreté,
souvent marginalisés dans des villages reculés
ou, près des villes, dans les bidonvilles. Selon
l’Institut sud-africain des San (SASI), " les
familles San gagnent moins de 12 dollars par mois, sauf
les retraités qui reçoivent 37 dollars mensuels
". Alors, ils demandent, eux aussi, à recevoir
leur part du gâteau. Courant 2001 ils approchent le
CSIR et Phytopharm. Après moult négociations,
le CSIR annonce, en novembre 2001, un " partage des
bénéfices " issus du brevet.
Aujourd’hui,
il s’agit pour eux d’obtenir la reconnaissance
de leur savoir ancestral. Une reconnaissance sur le point
d’être accordée. L’argent sera probablement
destiné à l’achat de terres ou à
des projets collectifs comme la construction d’une
école. " Les San espèrent aussi devenir
partie prenante de la culture du hoodia, lancée par
le CSIR pour suppléer l’industrie du médicament.
Finalement l’Afrique du Sud devrait reverser au peuple
San 6 % des royalties payées par Pfizer. Cet accord
est une première pour les peuples détenteurs
de savoirs traditionnels.
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